29 octobre 2025
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Mohamed Lacete : La revanche d’un cadre marginalisé

Il a vécu les deux mois les plus éprouvants de sa carrière d’entraîneur. Isolé, contesté, presque abandonné dans la tourmente, Mohamed Lacete a pourtant tenu bon. Grâce à une force mentale remarquable et une détermination de gagneur, il réussit là où peu l’attendait : offrir à l’USM Alger la Coupe d’Algérie 2024-2025, en tant qu’entraîneur principal.

À 57 ans, ce natif d’Alger (né le 18 juin 1967) n’est pas un inconnu dans le paysage du football algérien. Mais son nom a souvent été relégué dans l’ombre, coincé entre les projecteurs braqués sur les entraîneurs étrangers et la valse des techniciens nationaux. Pourtant, Lacete a roulé sa bosse, principalement dans les jeunes catégories, avec discrétion mais efficacité. Il avait déjà inscrit la Coupe d’Algérie à son palmarès, mais en tant qu’adjoint. Cette fois, c’est en solo qu’il triomphe, signant ainsi une revanche éclatante pour celui que beaucoup considéraient comme un simple second.

Un parcours riche mais discret

La carrière de Mohamed Lacete est marquée par la polyvalence et la fidélité au football algérien. Cohérent dans sa démarche, doté d’une très forte conviction dans son travail, il avait tout d’abord fait ses preuves à la JSM Cheraga, sa ville natale. Très jeune, Mohamed Lacete va tout de suite marquer les esprits en montrant des aptitudes extraordinaires avec la JSMC qu’il hissera en D2. Cet acharné du travail est un entraîneur qui ne se donne jamais du repos quand il s’agit de préparer une échéance. Méticuleux, Lacete cultive l’art de ne rien laisser au hasard. La suite de sa carrière lui donnera raison d’être ce qu’il est et ce qu’il a toujours été.    

Il a multiplié les expériences, souvent dans l’ombre, mais toujours avec professionnalisme : À l’USM Alger, il a été entraîneur adjoint avant d’assurer l’intérim en fin de saison 2024-2025, couronné donc par un titre majeur.

À la JS Kabylie, entre 2023 et 2025, il joue le rôle d’adjoint, parfois l’entraîneur intérimaire. Il quitte le club en janvier 2025, refusant d’être relégué au second plan après l’arrivée de Josef Zinnbauer. Un départ assumé, révélateur de son intégrité.

Il a également dirigé les sélections nationales U17 (2019-2021) et U20 (2021-2022). Avec les U17, il qualifie l’équipe à la CAN 2021 (finalement annulée à cause du COVID-19). Avec les U20, il atteint la finale du Championnat arabe en 2021.

On le retrouve également sur les bancs d’équipes comme le NA Hussein Dey et la JSM Béjaïa, où il apporte son savoir-faire dans des contextes souvent tendus.

Le technicien de la dernière chance. Mohamed Lacete s’est forgé une réputation d’homme de missions délicates. Il intervient quand les autres fuient, prend les rênes quand tout semble perdu. Sans bruit, sans réclamer les feux de la rampe, mais avec une efficacité certaine. Son profil de formateur aguerri, capable de canaliser un vestiaire en crise, fait de lui un recours privilégié… mais rarement une priorité.

Son sacre avec l’USMA pourrait bien changer la donne. Il prouve que le « cadre marginalisé », mérite enfin sa pleine reconnaissance. Car au-delà du trophée, c’est une victoire contre le scepticisme, contre la précarité des statuts dans le coaching local. Ce cadre bien de chez nous, n’a rien à envie à ces entraîneurs dont raffolent les « présidents » de nos clubs. Lacete est l’exemple vivant du cadre algérien auquel il faut faire confiance, et des « Lacete », il y en a en nombre chez nous. Ce que nous n’avons pas, ce sont des présidents qui croient en les compétences de nos cadres. Voilà ce qu’il nous manque cocrétement. 

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