
International et attaquant emblématique de l’USM Blida, Bilal Zouani intègre le staff de l’USMB en 2014. Passionné par la formation, il fonde en 2017 une Epic Epaacs, une école sportive et culturelle visant à encadrer les jeunes. Mais son projet va au-delà du football. Formation, travail en équipe, discipline, pour lui, le football doit revenir aux fondamentaux, au travail à la base. Malgré les difficultés, Bilal Zouani croit en une relève bien encadrée. Homme de terrain devenu pédagogue, il reste un ambassadeur passionné du football national. Bilal Zouani s’est ouvert à InfoSport, sans la moindre hésitation. L’homme est un véritable gentleman, affable, courtois, comme il l’a été toujours sur les terrains, converser avec lui est un pur moment de plaisir. Découvrons ensemble ce que signifie le football à travers l’élégance.
Entretien réalisé par Nasser Souidi
Vous avez disputé vous et les anciens du CRB un match au 20-Août, ce vendredi. Parlez-nous de ces retrouvailles…
De belles retrouvailles entre amis. Ça fait toujours chaud au cœur, ça fait plaisir de se retrouver comme ça entre anciens joueurs. On a joué et on s’est bien marré. C’est notre DJS, monsieur Bakhti, qui l’a organisé. Même avec l’association de mon frère Réda, la JMB, on va partout et on joue des matchs avec les anciens.
Comment se porte l’EPIC ? A-t-elle étendu ses catégories comme envisagé ?
J’ai engagé les minimes, cadets, juniors et les U13. C’est une première. Aujourd’hui, on a des joueurs compétitifs, alors qu’avant, on faisait uniquement de la formation. J’envisage même à l’avenir, avec l’accord de nos responsables, d’ouvrir d’autres écoles, et ne plus se focaliser que sur le football. On va toucher un peu le sport féminin, le sport de combat comme le taekwondo, le karaté et d’autres disciplines. Inch’Allah, on va aller de l’avant.
Vous êtes en train de former des champions !
Bien-sûr. Surtout que j’avais de bons éléments, talentueux, je ne voulais pas les perdre. J’ai déjà perdu pas mal de joueurs, c’est pour ça que j’ai gardé ces catégories. Je vais les suivre de près, et inch’Allah, d’ici là, je vais engager même les séniors. Former un jeune depuis l’école jusqu’en sénior, c’est vraiment quelque-chose de grandiose.
Votre école semble entre de bonnes mains…
Grâce au soutien de l’Epic et des autorités locales, notre école offre aux jeunes des enseignements en sport et éducation. Nous suivons leurs résultats scolaires, avec un système de récompenses et sanctions pédagogiques. Chaque mois, le meilleur joueur est mis à l’honneur. Nos entraîneurs qualifiés et notre DTS garantissent un encadrement professionnel. L’école n’est pas parfaite, mais nous donnons toujours le meilleur de nous-mêmes pour former ces jeunes, autant sur le terrain que dans la vie.
Que pensez-vous de la situation actuelle de notre championnat local ?
En tant qu’Algérien, je reste optimiste pour notre football. Le progrès prend du temps et personne n’a de solution miracle. Si notre championnat présente des déséquilibres entre clubs, la Fédération et les Ligues œuvrent pour s’améliorer. Certaines équipes ont d’ailleurs brillé en coupes africaines cette saison, cela prouve que nous avons du potentiel. Avec une gestion sage et persévérante, nous pouvons progresser. Le chemin est long, mais inch’Allah, nous atteindrons nos objectifs.
Après que l’Algérie ait touché le fond, quelle critique faites-vous de la sélection nationale actuelle en prévision de la CAN-2025 et du mondial 2026 ?
Avant tout, on doit remercier monsieur Belmadi, on n’est pas des rancuniers. Qu’on le veuille ou non, il a laissé son empreinte. Il a bâti une équipe qui est pratiquement la même que nous avons actuellement. Hamdoullah, on a su sortir la tête de l’eau, et les joueurs savent ce qui les attend, maintenant. Aujourd’hui, on s’attend toujours à de bons résultats de notre équipe nationale, on est toujours dans la peau du conquérant. Je peux même dire qu’aujourd’hui, on peut compter sur notre sélection.
L’USM Blida souffre toujours en D3. Cette saison n’est pas la sienne, malheureusement…
Blida restera à jamais mon club de cœur, malgré ses difficultés actuelles en D3. Les problèmes viennent d’une mauvaise gestion à tous les niveaux. Mais la passion des supporters, qui remplissent toujours le stade, est admirable et n’est pas à négliger. Pour redresser la barre, il faut un projet solide à long terme, on ne doit pas se fixer uniquement sur l’accession. L’USMB doit retrouver sa grandeur grâce à une vraie structuration où chacun joue son rôle sans entraver le travail des autres. Nous avons déjà connu la gloire, nous pouvons la retrouver. Le défi est immense, mais pas impossible pour un club qui a une histoire très riche.
Un jeune de 12 ans vous demande conseil : rester en Algérie pour progresser ou tenter directement l’Europe dès que possible. Vous lui dire quoi ?
J’aime bien voir un joueur qui a faim. C’est cette faim qui fait de toi un bon joueur. Si tu vois grand, tu restes grand. On doit voir plus loin que le bout de son nez, et l’appétit vient en mangeant. C’est légitime de vouloir accéder à la catégorie supérieure, comme c’est légitime de vouloir jouer pour un club plus grand. C’est ce genre de joueur que j’aime. Un joueur ambitieux, sur une courbe ascendante. On doit l’encourager.
Un président vous appelle et vous dit : « Fais-moi gagner un titre en 6 mois ». Vous raccrochez ou vous tentez le coup ?
La première des choses, c’est que je n’ai pas de baguette magique. Tu dois voir avant tout la qualité de tes joueurs, selon leur poste. Et puis, tu ne peux pas bâtir un projet en visant directement l’accession. En tant qu’entraîneur, mon premier objectif doit être celui d’assurer avant toute chose, et le plus vite possible, le maintien. C’est à partir de là que tu auras d’autres ambitions pour jouer l’accession.
Un joueur star refuse de s’entraîner. Vous le mettez sur le banc ? Quelle sera votre réaction ?
Il y a ce qu’on appelle l’oiseau rare. De nos jours, on est plus souple avec ce genre de joueur. La notion de discipline a évolué. On peut laisser un joueur surdoué se préparer à sa manière, mais à condition de le responsabiliser. Comme on dit, une hirondelle ne fait jamais le printemps. Si tu es devenu une star, c’est bien grâce à tes coéquipiers. Tu ne peux affronter tout seul les onze joueurs adverses. Tu seras toujours forcément à la merci du groupe, grâce à qui tu t’es fait un nom. Le meilleur joueur, c’est celui qui corrige l’erreur de son coéquipier.
Si vous deviez recruter un seul ancien de votre époque pour booster les jeunes en 2025, ce serait qui ?
Il y a beaucoup d’anciens joueurs qualifiés, avec leurs compétences et leurs bagages. Une chose est sûre, je vais choisir le meilleur. Sans citer de nom…
Si demain on vous nomme DTN, quelle est la première chose que vous changez ?
C’est bien la chose qu’on a négligée, qui n’est autre que la formation. Parce que les clubs européens, c’est dans la formation qu’ils nous dépassent. Chez nous, on a la pâte, mais cette pâte a disparu avec la disparition des tournois inter-quartiers. D’où nous sommes sortis, moi et mon frère Réda, si ce n’est du quartier ? On a joué dans la rue, dans les terrains vagues, partout ! Car il ne faut jamais oublier d’où on vient. Alors du moment que nous avons la pâte, et avec de bons formateurs, qui savent transmettre les abc du football, je suis sûr qu’on va réussir.
Quel est votre meilleur souvenir durant votre carrière ?
J’ai joué deux accessions en tant que joueur et une autre à la barre technique. Il y a aussi la fameuse finale contre le MOC, la coupe arabe…Hamdoullah, on est fiers, malgré qu’on n’ait pas eu le titre qui manquait au club. Mais une chose est sûre, j’ai donné le meilleur de moi-même. L’USMB, c’est un roi sans couronne. Les infrastructures et les commodités qu’on a ici à Blida, tu ne les trouveras pas dans certains clubs. Cependant, il faudra mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.
Si demain on le sollicite pour un projet solide, est-ce que Bilal Zouani acceptera le défi ?
Bien-sûr, bien-sûr. On a un vécu et assez d’expérience, en plus des diplômes requis, hamdoullah. Quand, entente il y a entre partenaires, les bons résultats suivent toujours.
N. S.
