Après une saison bouclée à la deuxième place, synonyme de frustration pour une accession encore ratée, le président Salim Messani entend prendre les devants pour remettre le club sur les rails. Sa feuille de route est désormais connue : un renforcement massif de l’effectif avec au moins huit recrues et la conservation des cadres actuels.
Par Youcef Mimoune
Selon une source proche du club, la direction du RCK a d’ores et déjà identifié des profils pour renforcer tous les compartiments du jeu. Cette ambition se traduit par huit recrutements ciblés, selon les besoins observés lors de la saison écoulée. Le club a notamment souffert d’un manque criant de profondeur de banc et cela s’est ressenti lors des confrontations cruciales où les solutions alternatives faisaient défaut. L’échec de l’accession a souvent été imputé à un effectif déséquilibré et à des choix limités pour l’entraîneur. Renforcer tous les secteurs est donc une priorité dictée par la réalité constatée. Messani le sait et veut éviter de tomber dans l’excès.
Le dilemme des cadres : rester ou partir ?
Dans le même temps, la conservation des cadres est un autre pilier de la stratégie du président. Salim Messani ne cache pas sa volonté de continuer l’aventure avec des éléments majeurs comme Derdar, Bouchina, Kermiche, Boubakour, Bellalem et même Zouari. Ces joueurs ont non seulement incarné la régularité tout au long de la saison, mais également la mentalité de compétiteurs, indispensable dans une division aussi rude que la Ligue 2 Amateur. Cependant, les joueurs concernés posent leurs conditions : des garanties sportives claires, un recrutement ambitieux et surtout une gestion plus rigoureuse de l’administration du club. Leur fidélité ne saurait être acquise à n’importe quel prix, d’autant plus que certains ont reçu des offres bien plus lucratives, ailleurs.
Le président peut-il les convaincre ? Cela dépendra de sa capacité à poser des actes concrets dans les prochaines semaines. La stabilité passe aussi par la crédibilité d’un projet et ce dernier doit répondre à des exigences professionnelles, y compris en matière de primes, d’organisation logistique et de gestion humaine.
Recruter massivement, est-ce une bonne idée ?
Dans le milieu footballistique, le chiffre « huit » interpelle. Dans une équipe composée de 23 à 25 joueurs, cela représente plus d’un tiers de l’effectif. Est-ce réaliste de vouloir opérer une telle mue sans mettre en péril la cohésion du groupe ? L’histoire récente du club a montré que le recrutement en masse n’a pas toujours été synonyme de succès. Au contraire, les saisons 2023/2024 et 2024/2025 ont connu une vague d’arrivées avec au final un collectif qui n’a pas réussi l’accession. Messani a promis un changement radical, mais il sait qu’il est désormais attendu au tournant. Le club ne pourra viser sérieusement l’accession sans une réforme structurelle profonde, qui dépasse le seul domaine sportif. Le recrutement, aussi ambitieux soit-il, doit être accompagné par une montée en professionnalisme de toute la chaîne hiérarchique…
Le casse-tête des U21
Un autre point sensible dans la feuille de route est la suppression annoncée de la catégorie U21, qui faisait jusqu’ici office d’équipe réserve. Cette mesure, dictée par la réforme instaurée par la FAF, vise à réduire les catégories et favoriser l’intégration directe des jeunes prometteurs en équipe première. Mais au RCK, cela pourrait s’avérer problématique. Le club dispose de plusieurs jeunes talents issus de cette catégorie, Zouaoui en tête, meilleur buteur de la D2 réserve, qui espéraient justement intégrer le groupe senior cette saison. Leur avenir est désormais incertain. Doit-on craindre une fuite des talents ? Certains jeunes sont déjà ciblés par d’autres formations qui pourraient leur garantir un meilleur tremplin. L’échec du plan de formation du RCK est en partie responsable de cette situation. Annoncé en grande pompe, il y a trois ans, il n’a jamais produit les résultats escomptés, en raison d’un manque d’accompagnement et d’une politique incohérente entre formation et élite. Au final, la feuille de route de Messani se veut ambitieuse mais complexe à exécuter. D’un côté, il tente de répondre à l’exigence de résultats immédiats en renforçant l’effectif de manière significative. De l’autre, il se heurte à la nécessité de garder une colonne vertébrale stable, tout en intégrant de nouveaux éléments fiables. Mais le risque d’un déséquilibre est bien réel si les jeunes sont écartés, si les anciens quittent le navire et que le mercato s’avère, une fois de plus, raté…
Y. M.
