Les Verts ont décroché leur billet pour la Coupe du monde 2026, douze ans après la dernière participation de l’Algérie à un Mondial. Une qualification synonyme de renaissance, pour une sélection « malade » depuis bien trop longtemps.
« Maintenant, le peuple exige la Coupe d’Afrique ! » À peine retenti, le coup de sifflet final de Monsieur Godfrey Phillip Nkhakanaga a laissé place au message des supporters algériens massés dans le stade Miloud Hadefi d’Oran. Galvanisée par la victoire face à la Somalie (0-3) et la qualification de ses Verts, la foule s’est en effet empressée d’émettre ses nouvelles doléances à des joueurs hilares au moment de saluer les tribunes. Cette exigence témoigne en réalité d’un bonheur retrouvé pour l’Algérie entière, qualifiée pour la plus grande scène mondiale, douze ans après sa dernière apparition, au Brésil. Le symbole, aussi, d’une sortie de tunnel que l’on pensait inaccessible il y a encore un an.
Il faut dire que l’Equipe Nationale revient de vraiment loin. Traumatisée par le Cameroun à l’issue des barrages à la Coupe du monde 2022 et successivement éliminée dès le premier tour des CAN 2021 et 2023, la sélection achevait son ère Djamel Belmadi de la pire des manières. La nomination de Valdimir Petković comme sélectionneur devait alors panser ces blessures, sans que personne n’imagine un rétablissement aussi rapide. Alors oui, certains diront qu’avec un Mondial à 48 équipes, il aurait été difficile de ne pas voir l’Algérie se qualifier. D’autres diront également qu’avec des adversaires du calibre de la Somalie ou du Botswana, les matchs étaient gagnés d’avance. Mais quiconque suit assidûment le football africain – et donc l’équipe d’Algérie – sait à quel point ces victoires sont complexes à obtenir.
Pour s’en faire une idée, il suffit d’ailleurs d’observer les résultats du Cameroun, du Nigeria ou du Sénégal. Le bilan comptable obtenu par les hommes de Petkovićn’est donc absolument pas à minimiser : 22 buts inscrits (meilleure attaque des qualifications africaines avec le Ghana), un nul et une défaite concédée seulement (face à la Guinée), et Mohamed Amoura deuxième meilleur buteur de ces qualif’ avec huit réalisations (derrière Mo Salah, neuf). Les Verts ont aussi appris de leurs erreurs passées en se sortant du piège des matchs à l’extérieur, avec des victoires au Mozambique et en Ouganda notamment, tournants véritables de cette phase qualificative.
La réussite de Petković et d’un groupe
Surtout, Vladimir Petković a su reconstruire un groupe en un temps quasi-record. Les vagues d’échec avaient en effet meurtri l’équipe vainqueur de la CAN 2019 et crispés à peu près tout le monde, entre vindicte populaire, staff au bout du rouleau et presse assassine. Pour y arriver, Petković a agi à sa manière : dans le calme. Ne parlant que très peu français, le Bosnien s’est d’abord prémuni de sorties médiatiques dont avait le (mauvais) secret Belmadi. Son caractère placide a fait le reste.
C’est une politique de jeu que j’aime beaucoup, car il arrive à tous nous concerner, même si on ne joue pas plus que cela, il n’y a aucune frustration.
Malgré les critiques, le sélectionneur s’est appuyé sur des cadres (Bensebaïni, Mandi, Bentaleb, Mahrez, Bounedjah), quitte à parfois s’entêter avec certains (Belaïli, Benrahma) dont le rendement a souvent été remis en cause. Le temps a fini par lui donner raison. Car ces cadres, habitués au contexte africain, ont permis de baliser le terrain pour la génération intermédiaire, mais surtout pour la nouvelle. Au sein du premier groupe, Hicham Boudaoui, Houssem Aouar, Amine Gouiri et Mohamed Amoura sont ainsi devenus des membres fiables de cette hiérarchie mise en place. Derrière, les plus jeunes poussent naturellement dans le bon sens.
Parmi eux, Rayan Aït-Nouri, Jaouen Hadjam, RafikBelghali, Ibrahim Maza, Farès Chaïbi, Anis Hadj-Moussa ou Badredine Bouanani. Autant de noms que de certitudes, qui permettent aujourd’hui à l’Algérie de disposer d’un réservoir sérieusement qualitatif et d’une profondeur de banc rarement vue dans le pays (depuis les années 80). « Il y a un vrai renouveau dans cette équipe d’Algérie, et on le ressent clairement, précisait justement Hadj Moussa. L’effectif s’est rajeuni, je pense à Ibrahim (Maza), Amine Chiakha, Bad (Bouanani), Chaïbi, et on a une vraie confiance du coach. C’est une politique de jeu que j’aime beaucoup, car il arrive à tous nous concerner, même si on ne joue pas plus que cela, il n’y a aucune frustration. »
Dès lors, cette qualification fait office de juste récompense pour le travail fourni par Petković et ses assistants. Eux qui n’ont jamais été épargnés par les attaques, à la moindre contre-performance (la défaite 4-3 de juin dernier contre une équipe de Suède largement remaniée, par exemple) ou pour leur jeu a priori peu reluisant (la victoire aux forceps, 3-1, face au Botswana en septembre). Enfin, cette renaissance arrive également à point nommé pour le capitaine Mahrez. Au crépuscule de sa longue carrière le numéro 7 ne pouvait dire stop sans vivre une Coupe du monde dans un rôle de leader, lui qui n’avait disputé qu’une seule rencontre de l’aventure brésilienne. En une année, l’Algérie a donc fait oublier trois désillusions. Rendez-vous au Maroc, dès le mois de décembre, pour la confirmation
