10 octobre 2025

Kamel Mehdi : « La stabilité, est une nécessité pour un football algérien fort » 

Le football algérien, riche en passion et en talent, se heurte à un défi majeur : l’instabilité. Notamment dans nos clubs, avec les changements fréquents d’effectifs, de staffs techniques et de dirigeants, ce qui freine les ambitions de ces clubs. Pour briller en compétitions africaines et internationales, une stabilité structurelle et sportive s’impose. Sans elle, comment rêver de conquérir la Ligue des champions ou de se qualifier pour la Coupe du Monde. Il est temps de construire des bases solides pour permettre au football national d’atteindre son plein potentiel. Nous avons rencontré et discuté un moment avec l’illustre journaliste-animateur, Kamel Mehdi. L’homme est sincère, vrai, authentique, spontané, dans cette interview, celui qui brille de mille feux sur la Radio El Bahdja chaque samedi soir et illumine l’écran de la chaîne Al Bilad et nous livre sans ambages ses impressions

Entretien réalisé par Nasser Souidi

La sélection nationale s’apprête à disputer deux matchs pour le compte des qualifications au mondial 2026. Êtes-vous optimiste ?

Avec la dynamique des victoires et l’esprit que Petkovic a transmis à ses joueurs, je pense que la sélection nationale est en bonne santé. Il y a un esprit de groupe, tu sens qu’il y a eu un déclic. Après le départ de Belmadi et l’arrivée de Petkovic, je pense que le système actuel pour se qualifier à la coupe du monde, c’est un système assez facile, à la portée de nos joueurs. Pour ce qui est des prochains matchs qui nous restent, je ne pense pas qu’ils seront un obstacle pour la qualification au mondial 2026. On voit que le sélectionneur se base sur la cohésion, sans trop de changements. Le retour de Belaïli va apporter un plus au groupe, avec Smaïl Bennacer et le rendement de Ryad Mahrez en Arabie saoudite. Les victoires ont donné beaucoup de confiance au groupe.

Quel regard portez-vous sur le déroulement du championnat national version 2024-2025, dans son ensemble ?

En tant que journaliste sportif, ce qui m’a impressionné, c’est qu’il y a une pression terrible dans notre championnat. Je n’ai jamais vu le public algérien avec toute cette pression et toute cette rage. Tout le monde veut la victoire à chaque match, veut le titre africain, la coupe d’Algérie… Certains pseudos managers sèment la zizanie sur les réseaux, loin de l’intérêt de leurs clubs. Des agents agréés par la FIFA, qu’on ramène comme directeur sportif ou manager général, comme coordinateur ou comme conseiller, pour les beaux yeux de quelques supporters et pour calmer la pression…

Je pense que l’Etat algérien doit intervenir. Il faut stopper ce massacre. Ce qui se passe actuellement n’est pas normal. Quant au niveau actuel, c’est vrai qu’on a vu de bons matchs, comme JSK-ESS, MCA-USMA, CRB-MCA, mais…

C’est ce qui explique, selon vous, toute cette violence et nervosité qu’on a connu durant ces dernières années ?

C’est vrai que cette pression est une des causes de la violence, mais cette violence, ce n’est pas quelque chose de nouveau pour le public algérien. Elle existe à cause du niveau, à cause de certaines déclarations de nos responsables, de la rivalité sur Facebook entre les clubs…

Votre avis sur le niveau des clubs algériens en compétitions africaines…

Je pense que notre niveau n’est pas rentable, face à certaines équipes africaines. Que ce soit la qualité des joueurs, ou la qualité des entraîneurs, ou bien la façon de gérer les matchs. Mais cela ne veut pas dire que nos clubs ne pourront pas faire quelque chose de bien lors des prochains matchs. En coupe de la CAF, l’USMA a démontré ces dernières années qu’elle est capable de bien gérer ses matchs, et avec un bon niveau. La même chose pour le CSC, qui est capable de créer la surprise. En Ligue des champions, je pense que le Mouloudia va créer la surprise en éliminant Orlando Pirates. C’est vrai que le niveau des clubs algériens n’est pas si reluisant, mais le niveau des autres clubs, ce n’est pas le top, aussi. A l’exception de certains clubs, comme le Ahly. Et il y a autre chose aussi…

Allez-y…

N’oublions pas aussi l’arbitrage, les coulisses. Et puis, notre niveau n’est pas stable. Quand tu vois le niveau du grand Chabab qui a régressé lors des deux dernières éditions, contre le Taraji et contre le Widad. La compétition africaine exige la stabilité de l’effectif, des staffs dirigeants et des staffs techniques. Ce que nous n’avons pas chez-nous. Chaque année, quatorze jours partent et quinze viennent. Trois entraîneurs chaque année. Comment voulez-vous gagner la Ligue des champions ? Si on veut le top niveau, on doit avoir des clubs stables. On doit recruter des joueurs de haut niveau qui pourront apporter un plus lors de ces compétitions, en plus de recruter un bon staff technique.

Walid Sadi a été élu membre du Comex de la CAF et Mustapha Berraf réélu à la tête de l’ACNOA. Cela signifie-t-il, selon vous, le retour du sport algérien sur la scène africaine ?

Eh bien oui. C’est politique avant que ce soit sportif. C’est l’aspect politique qui nous a permis de revenir en force, notamment avec Walid Sadi, qui a deux casquettes, celle de Ministre des Sports, et celle de président de la Fédération. Sans oublier l’expérience qu’il a acquis aux côtés d‘un grand monsieur du football algérien, Mohamed Raouraoua. Je pense que cela va mieux protéger nos clubs, l’Algérie, l’équipe nationale, l’arbitrage, les coulisses. On souhaite vraiment que la compétence algérienne brille à la CAF, au lieu de se mettre les bâtons dans les roues. Qu’on pense avant tout à l’intérêt de l’Algérie et qu’on revienne à la compétence de nos dirigeants. Je pense que Berraf aussi aura son rôle à jouer. Car franchement, on attend un plus de sa part. On n’a pas décroché l’organisation de la CAN, on est lésés par les arbitres. J’espère que Berraf introduira les autres disciplines, le hand, le volley, l’athlétisme, le judo, la boxe, avec une meilleure représentativité. En tous les cas, je lui souhaite beaucoup de réussite, à lui et à Sadi, pour l’intérêt de l’Algérie.

Votre appréciation sur le tournoi de la presse organisé par l’ONJSA…

Il a apporté énormément de considération aux journalistes, l’occasion de regrouper toute la famille de la presse. Vraiment, ça fait plaisir, et je félicite Tazir et tout son staff, cette organisation dont nous faisons tous partie. On espère d’autres avancées, pour nos confrères malades, ceux qui sont sans travail, accorder encore plus d’importance au journaliste algérien. Malheureusement, en Algérien, le journaliste, c’est le maillon faible.

Quel jugement portez-vous à la presse sportive nationale ?

On a des défauts et on a des qualités, et j’en fais partie. C’est vrai que parfois il y a des erreurs, mais je n’ai jamais vu les plateaux appeler à la zizanie ou autre. Avec quelques exceptions pour ces journalistes supporters et subjectifs, qui ne sont pas des professionnels. Des journalistes chauvins, et ça c’est une erreur. Il faut éviter cela et élever le niveau du journaliste sportif.

Vous avez déjà rencontré l’ancien international brésilien, Raï. Une anecdote à raconter à ce sujet ?

J’ai déjà eu l’occasion de rencontrer la star brésilienne et parisienne, Raï Oliveira. C’est un monsieur très modeste, un connaisseur du football algérien, de la sélection de 2014 et de notre parcours en 2014. Il m’a beaucoup parlé de Mustapha Dahleb. C’est plus qu’un footballeur, c’est un ambassadeur de l’humanité et des pauvres. C’est quelqu’un qui contribue à l’épanouissement de la société.  

On voudrait clore cet entretien avec un hommage de soutien à notre ami Djamel Menad, en lui souhaitant la guérison et un prompt rétablissement…

Il a tout mon soutien, en ce mois béni du Ramadan, je souhaite qu’il guérisse nch’Allah. Djamel Menad, c’est une brave personne, modeste et respectueuse. Je garde de très bons souvenirs de toutes les fois où je l’ai rencontré.  

 N. S.

« Je souhaite aussi un prompt rétablissement à mon fils, qui lui aussi se soigne, dans un hôpital à Paris. »

« En équipe nationale, tu sens qu’il y a eu un déclic, qu’il y a un esprit de groupe »                  

« En compétitions africaines, les clubs algériens sont capables de créer la surprise »

« Sans stabilité, comment veux-tu gagner la Ligue des champions ? »

« Je compte sur Sadi et Berraf pour bien défendre les intérêts de l’Algérie, et leur souhaite bonne chance »

« Rai Oliveira, c’est plus qu’un footballeur, c’est un ambassadeur de l’humanité et des pauvre, quelqu’un qui contribue à l’épanouissement de la société »

« En ce mois béni du Ramadan, on est de tout cœur avec notre frère Djamel Menad et prions Allah qu’il guérisse »

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