Ancien international algérien de handball, Lamine Sahli a évolué à l’IRB Madania, à l’ex-CS-DNC, au Club Africain en Tunisie, puis est revenu en Algérie pour jouer à Biskra et El Biar, avant de finir sa carrière au GS Pétroliers. Sa reconversion comme entraîneur a débuté au HBC El Biar en tant qu’adjoint de l’ancien international Hasni Achour. Il a ensuite coaché à El Madania, Baraki et au MCA aux côtés de Réda Zeguili. Il commence aujourd’hui sa quatrième saison comme entraîneur principal du HBCEB, en Division 1 Excellence. Le club occupe actuellement la tête du championnat, après la 4e journée. Lors de sa première saison, El Biar a décroché la 3e place du championnat. La deuxième saison a vu le club atteindre la finale de la Coupe d’Algérie et se classer 5e en Championnat d’Afrique. La saison dernière, il a été vice-champion d’Algérie et vainqueur de la Coupe d’Algérie. Cette année, le club a remporté avec autorité la Supercoupe d’Algérie. L’ancien international vient d’obtenir la licence IHF A, le plus haut diplôme d’entraîneur de handball ! L’homme est serein. Lamine Sahli, s’il est un passionné du handball, reste quand même assez lucide pour dire que l’avenir de ce sport, dont l’équipe d’Algérie était naguère reine d’Afrique, passe inévitablement par une formation de qualité, à tous les niveaux et des moyens conséquents pour mettre en place une véritable stratégie allant dans le sens de la renaissance du hanball algérien. Sportif aguerri, l’homme a de qui tenir, pour ceux qui ne le savent pas encore, Lamine est le fils de Salem Sahli, l’ancien attaquant du NAHD dans les années 70. Dans cet entretien, il nous parle de son parcours en tant que joueur et entraîneur, ainsi que de la situation actuelle des clubs de handball et de la sélection nationale.
Entretien réalisé par Hamid Si Ahmed
Le HBC El Biar vient de remporter la Supercoupe d’Algérie. Que ressentez-vous après cette belle consécration ?
Débuter la saison par un titre, quelques mois après notre succès en Coupe d’Algérie, est un sentiment exceptionnel pour tout entraîneur. C’est pour toutes ces sensations que nous travaillons avec rigueur et que nous donnons le meilleur de nous-mêmes.
Sur le plan personnel, vous venez d’obtenir la licence IHF A, le plus haut diplôme de handball…
Effectivement, ce diplôme international ouvre les portes de l’équipe nationale et même de carrières à l’étranger. Mais ma mission se trouve en Algérie, où je veux contribuer au développement de ce sport.
Devons-nous en déduire que votre objectif ultime est de diriger l’Équipe nationale ?
Écoutez, tout joueur ou entraîneur de handball rêve d’intégrer la sélection. Personnellement, je sais que pour y parvenir, je dois d’abord acquérir de l’expérience en club, notamment avec les jeunes. Je ne veux pas brûler les étapes.
Quels souvenirs gardez-vous de votre carrière de joueur ?
Principalement les titres et ma sélection en équipe nationale. C’est le rêve de tout joueur de porter le maillot du pays. J’ai remporté presque tous les trophées, que ce soit en club ou avec l’EN. Championnats, Coupe Arabe, Coupe d’Afrique avec le Mouloudia. Ce sont des étapes qui nous marquent !
Comment évaluez-vous votre parcours en équipe nationale ?
Franchement, je trouve qu’il est très satisfaisant. Une quinzaine d’années au plus haut niveau, avec de nombreux titres, du début des années 2000 jusqu’en 2011, ce n’est pas rien. En tous les cas, je suis fier de ce que j’ai accompli lorsque j’étais sur le terrain. Maintenant, j’espère réaliser de belles choses en tant qu’entraîneur et pour le handball national.
Les années 80 représentent l’âge d’or du handball algérien. Comment expliquez-vous son déclin ?
Les grands clubs assuraient, en ce temps-là, une solide formation. Aujourd’hui, la formation n’est plus aussi qualitative. Le manque de financement est crucial ! Certains joueurs ne sont plus payés depuis des mois, ce qui est démoralisant et pousse à la reconversion vers d’autres métiers, qui assurent au moins un salaire. Même l’engagement des entraîneurs a diminué. Qui formera nos jeunes ? C’est la question qu’on doit se poser.
Le manque d’infrastructures aussi…
Des salles délabrées, des équipes qui peinent à trouver un lieu d’entraînement. Quand plusieurs équipes se partagent le même espace, comment former correctement les talents de demain ? Cela est impossible !
Pensez-vous que les pouvoirs publics manifestent une réelle volonté d’amélioration ?
Le président de la République a donné des instructions en ce sens. Nous attendons leur concrétisation. La formation incombe aux clubs, pas à la Fédération ni aux Ligues, mais cela nécessite de grands moyens. Il faut aider les clubs. Le sponsoring et le marketing restent insuffisamment développés dans notre sport.
Quelle est la situation au HBC El Biar ?
Grâce au travail du président et l’excellent travail de la cellule de communication, sous les commandes de Nazim, ainsi qu’à quelques sponsors, le club se maintient et peut maintenir une certaine sérénité. Mais c’est insuffisant, je l’avoue. Un club ne peut dépendre uniquement des subventions publiques. Nous sommes reconnaissants du soutien du président de l’APC d’El Biar qui nous accompagne et nous soutient. Avec le salaire d’un seul footballeur, nous pourrions accomplir de grandes choses pour nos jeunes !
Vendredi, vous avez affronté le CABBA. Comment s’est déroulé ce match ?
Victoire 31-25. El Bordj possède une bonne équipe, mais les difficultés financières l’ont fragilisée. Nous espérons une amélioration pour tous les clubs qui souffrent du manque de moyens et de soutien. On a mis la victoire face au CABBA de côté et nous sommes désormais concentrés sur notre prochain match, à domicile, contre l’équipe de Mila.
Quel est votre avis sur le niveau du championnat national ?
Il ne faut pas se mentir, le niveau est juste moyen, faute de financement et de formation. À El Biar, contrairement à beaucoup de clubs, nous bénéficions de bonnes conditions de travail et de joueurs de qualité comme Berkous, Benmeni, Zemouchi et Bouâal. Je m’estime heureux de pouvoir travailler dans un club, avec des cadres et des joueurs dévoués. Et cette situation nous encourage à faire encore beaucoup plus pour notre cher club.
Quelles sont vos ambitions avec le club ?
Dominer le championnat et performer en coupes africaines et arabes. Pour cela, seul le travail paiera, et c’est ce que je tente d’enseigner à mes joueurs. Exceller dans la pratique sportive nécessite beaucoup d’effort et de patience.
Quelles valeurs retenez-vous de votre carrière ?
Le handball inculque le respect et l’éducation. Formé par d’excellents entraîneurs de renom, je m’efforce de transmettre ces valeurs à mes joueurs. J’espère être à la hauteur des attentes, car c’est pour moi mon objectif suprême.
Que pensez-vous de l’équipe nationale actuelle ?
Elle souffre des mêmes maux que les clubs : instabilité à la Fédération et dans le staff, stages insuffisants, manque de moyens. Chez nos voisins, la situation est meilleure. On ne prépare pas une compétition en un mois. J’espère que la Fédération prendra les mesures nécessaires.
Des joueurs du HBCEB sont-ils en équipe nationale ?
Oui, quatre de nos joueurs sont sélectionnés. La preuve que notre méthode fonctionne bien, et cela confirme ainsi que le club d’El Biar progresse. On fera tout pour aller encore plus loin et placer l’équipe au sommet de la discipline.
H. S-A.
